Abandonné très jeune par son père, Patrick Bruel se construira durant ses premières années sans figure paternelle. Un manque inhumain pour celui qui avoue avoir fait de cette faiblesse sa grande force. Pourtant, un soir de concert, en 2002, son géniteur réapparut : l’occasion pour l’artiste de régler ses problèmes et de tirer enfin un trait sur ses vieux démons.
Cette année 2019 restera comme un millésime unique pour le romantique Patrick Bruel, une date spéciale dans son panthéon. C’est en effet cette année que l’artiste célébrait ses 60 ans, les 40 ans de son premier rôle au cinéma (dans Le Coup de Sirocco), et les 30 ans de l’album qui l’a consacré (Alors regarde). Pour toutes ces raisons, le timing était parfait pour que sorte Patrick Bruel : des refrains à notre histoire, une biographie de la star signée Frédéric Quinonero, parue le 28 août 2019 aux éditions Archipel.
Si Patrick Bruel est un papa aimant et présent avec ses deux fils – Oscar, 16 ans, et Léon, 11 ans -, eus avec son ex-femme Amanda Sthers, dont il est resté très proche ; l’artiste n’a pas eu la chance de vivre les premières années de sa vie avec son père, qui l’avait abandonné très tôt après s’être séparé de sa mère. Dans la biographie du chanteur – qui a sorti l’année dernière son dixième album Ce soir on sort… -, Patrick raconte ce manque inhumain, qui l’a poussé à s’imaginer des pères de substitutions, des figures paternelles fantasmées : “Je m’invente des papas, des grands, des forts, à qui j’ressemble pas, mais qui me donnent la force de croire en moi.” Avant d’analyser ce manque qui l’a forgé et sans doute donner l’envie de devenir ce qu’il est : “C’est sur ce genre de manque que l’on se construit. Ça devient une force après, j’aurais été une autre personne s’il avait été présent.”
“Une bonne chose. Pour nous et pour mes enfants.”
Il ira jusqu’à tirer un trait sur son nom à l’état civil, histoire de faire disparaître le patronyme de cet homme qu’il ne connaît pas : Maurice Benguigui deviendra officiellement Patrick Bruel. Si le manque du père se fera extrêmement intense à l’adolescence, période durant laquelle Patrick aurait aimé avoir un “modèle”, quelqu’un avec qui échanger ou débattre, son père sera absent durant quasiment toute sa vie, ne venant le voir que sporadiquement, et en coup de vent… jusqu’à ce jour, au début des années 2000. Le chanteur raconte : “En 2002, ma mère m’accompagnait sur ma tournée d’été. Le jour du concert d’Eauze, le 25 juillet, nous prenons le temps d’aller déjeuner tous les deux à Luchon. (…) Je ne sais pas pourquoi nous passons le repas à discuter de mon père, à qui je n’avais pas adresser la parole depuis six ans. Quand nous remontons dans la voiture, mon équipe m’appelle : ‘Ton père est à l’entrée, qu’est-ce qu’on fait ?’ Ma mère a cru que c’était un coup monté, et les voilà tous les deux dans les loges avant le concert. C’était irréel. Là, j’ai compris que je devais régler mon problème.”
Le moment tombe à pic. Patrick n’a vu son père qu’une fois ces dix dernières années. Il s’apprête lui même à devenir papa pour la première fois, avec la femme qu’il va bientôt épouser, Amanda Sthers. A 43 ans, il est temps pour lui de se délester de cet éternel fardeau. Une soirée entre père et fils, où tout sera dit et qui fera un bien fou à Patrick, comme il le confie en concluant sur ce chapitre de sa vie : “Cette soirée était une bonne chose. Pour nous, mais aussi pour mes enfants.”
Crédits photos : Bestimage
Click Here: Fjallraven Kanken Art Spring Landscape Backpacks