Audrey Dana, actuellement à l’affiche de Boomerang, revient sur l’après Sous les jupes des filles. Moins de propositions en tant qu’actrice, agacement de certains metteurs en scène… L’actrice et réalisatrice se confie avec beaucoup de franchise.
AlloCiné : J’ai appris, avec étonnement, que depuis que vous avez réalisé Sous les jupes des filles, on vous propose moins de rôles…
Audrey Dana, actrice et réalisatrice : Déjà, quand une actrice passe à la mise en scène, il se passe quelque chose. Ça peut énerver beaucoup, beaucoup, de metteurs en scène. Parce que forcément quand j’aborde la mise en scène, c’est par la direction d’acteur, pas l’aspect plus technique. Il y a différents types de réalisateurs comme il y a différents types d’acteurs. Peut être qu’un jour je pourrais prétendre à dire ‘je suis réalisatrice’, mais j’en suis très loin. Donc je comprends l’agacement a priori, même si toute mon honnêteté, toute ma sincérité… J’ai mis tout mon cœur dans mon projet. Il n’y avait rien de malhonnête, mais ça je peux comprendre.
Quand une actrice passe à la mise en scène, ça peut énerver
Et puis ensuite, il y a un autre phénomène qui est ‘elle réalise donc on ne pense pas à elle’. Par exemple, Boomerang, je vous jure que c’est vrai, le producteur m’appelle en me disant : ‘Audrey, on cherche le rôle d’Angèle, je voudrais savoir si dans ton casting de Sous les jupes des filles, s’il y a une fille à laquelle tu penserais’. Et quand il me raconte le personnage, je me dis ‘c’est pas possible, c’est une blague en fait…’ Car c’était tellement évident que c’était quelque chose pour moi. Au bout de deux semaines, ça me travaillait : je lui dis ‘mais franchement, je ne comprends pas, tu as décrit un personnage, je suis agent, je te propose Audrey Dana ! Et il me dit ‘non mais Audrey, là tu ne peux pas, t’enchaine sur ton deuxième, et puis tu n’es pas en tournée…’ Je lui dis ‘je ne sais pas, quelles sont tes dates ? Si je peux en fait !’ Et il se trouve, pour aller plus loin, que François Favrat (le réalisateur de Boomerang, Ndlr.) avait pensé à moi à l’écriture du film, mais que, avec la sortie de Sous les jupes, Audrey elle est pas là quoi !
En faisant Sous les jupes des filles, j’ai proposé un univers très personnel
L’autre chose aussi qui a marqué un tournant pour moi qui a été assez traumatisant, c’est peut être un grand mot car on ne parle que de cinéma… Quand on est acteur, il y a quelque chose de très caméléon. On peut aller dans plein d’univers très différents, et surfer dans la comédie, dans des choses plus graves, des films d’auteur… Et j’ai toujours fait ce grand écart. Pas assez de comédie d’ailleurs à mon goût. Mais j’ai toujours fait ce grand écart et ça m’a toujours été très agréable. Ca me correspond. Je me sens aussi décalée, folle, que tragédienne… Et en faisant Sous les jupes des filles, j’ai proposé un univers qui est très personnel, et derrière, chaque acteur il y a une personnalité. Cette personnalité se diffuse, prend différentes couleurs quand on joue. Or, là, on ne peut plus se planquer.
Oui, ça me ressemble Sous les jupes des filles. Donc, oui, si vous avez détesté Sous les jupes des filles, il y a des chances que vous ayez vachement moins envie de bosser avec moi derrière.
En plus, il y avait cette galerie d’actrices. Beaucoup de gens ont trouvé que c’était un film un peu marketing… Mais tellement pas ! C’était la réunion d’une bande de nanas qui se sont tenu la main et se sont dit ‘et si on disait que nous aussi on pouvait faire rire, et surtout rire de nous même’. Et si on s’amusait de ce déséquilibre sur lequel la femme d’aujourd’hui jongle. C’était l’histoire d’une chaine de solidarité en fait. Oui, des actrices célèbres parce qu’on nous offre pas ces rôles là, tout simplement. Quand j’ai eu envie et que j’ai senti qu’il y avait un mouvement autour de moi qui se faisait et que des producteurs autour de moi m’ont dit, vas-y, fais-le !
Sous les jupes des filles a été une bascule
C’est l’addition de tous ces éléments qui ont fait que on ne me voit plus tout à fait pareil. Ca a été assez perturbant pour moi. C’est un constat, mais sans amertume. J’ai adoré faire Sous les jupes des filles. Je ne me suis jamais sentie aussi bien qu’à travailler en harmonie avec d’autres, embrasser un projet corps et âme. C’est ce que j’aime. Même quand je joue, tout m’intéresse, tout ce qui se passe sur un plateau, les autres personnages, les scènes sur lesquelles je ne suis pas. Si je pouvais être sur chaque étape, juste par curiosité, pour suivre le processus… Quand je fais un projet, ce n’est pas un rôle, c’est un film en fait. Il y a quelque chose qui se reconnecte en passant derrière la caméra qui me ressemble. Donc c’est une bascule, mais assumée.
Vous entrez en préparation de votre second long métrage. Que pouvez-vous nous en dire à ce stade ? Ce sera un film sur les hommes ?
Le prochain film qu’on a écrit toute cette année avec Murielle Magellan avec qui j’avais déjà écrit Sous les jupes des filles, et Maud Ameline qui est venue nous rejoindre dans l’écriture, s’appelle Si j’étais un homme. C’est un voyage dans le masculin, mais dont l’héroine est une femme.
Audrey Dana nous pitche le projet de Si j’étais un homme, son second long métrage, en vidéo
Après Sous les jupes des filles, Audrey Dana réalise Si j'étais un homme
Allez-vous entourer de certaines des comédiennes de Sous les jupes des filles pour ce nouveau film ?
J’ai écrit à l’opposé de Sous les jupes des filles. Pour Sous les jupes des filles, j’ai été contrainte à un exercice assez particulier : j’ai écrit pour les actrices, et j’ai essayé de donner de la cohérence à ce patchwork, ce qui n’était pas facile du tout. Pour moi, c’était comme des espèces d’épisodes qu’on a relié qui représentait une esquisse de ma vision de la femme aujourd’hui sous forme de comédie. Là, je suis vraiment partie sur une héroïne, qui a des partenaires autour.
Stéphane de Groodt et Franck Dubosc seront avec nous
Il y a deux rôles masculins principaux, une autre femme principale, et ensuite beaucoup de femmes, avec plein de petits moments assez forts. Je n’ai pas pensé aux acteurs en écrivant. Je me suis complètement libérée de ça pour me concentrer sur l’histoire, sur ce que j’avais envie de raconter. Le casting est en train de se former. Je peux déjà dire que Stéphane de Groodt sera avec nous, et que Franck Dubosc me rejoint, ce qui me ravit.
J’ai fait une rencontre avec Franck Dubosc cette année assez détonante. Je ne pensais pas à lui a priori. J’ai complètement craqué pour l’homme. Je pense que la rencontre entre lui et le personnage que j’ai écrit va être super. Ce n’est pas tant un rôle de comédie pour lui, il va montrer quelque chose d’autre. Ca m’excite beaucoup d’aller chercher ça, et de le retrouver sur un plateau car c’est un mec génial, plein de bonne humeur. Il est tout le temps dans la joie de faire ce métier et c’est très précieux car ce n’est pas si fréquent malheureusement.
Vous avez rencontré Franck Dubosc sur le tournage du remake de La cuisine au beurre, c’est bien ça ?
Exactement. Je n’ai pas vu La Cuisine au beurre. J’ai avant tout lu un scénario qui m’a botté. Surtout j’avais très très envie de travailler avec Florent Emilio Siri que j’aime beaucoup comme réalisateur. Je suis venue faire un rôle de passage dans le film, qui m’a amusée car j’ai retrouvé ma copine Pascale Arbillot, ça m’enchantait, et ensuite parce qu’on m’a proposé un rôle que je n’avais jamais fait.
Dès lors qu’on me propose quelque chose que je n’ai jamais fait, j’ai un peu peur, donc ça m’excite et j’ai envie de le faire. Je joue une alcoolique surdouée, sans aucune culpabilité face à son alcoolisme. C’est plus une façon pour elle de la mettre en veilleuse parce que ça fonctionne trop vite, trop fort dans sa tête. C’était totalement jouissif à faire.
Audrey Dana est actuellement à l’affiche de Boomerang avec Mélanie Laurent et Laurent Lafitte
Boomerang vu par Laurent Lafitte, Mélanie Laurent et Audrey Dana
Propos recueillis au Festival du film francophone d’Angoulême 2015
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