Comment déconfiner en douceur les tout-petits ? En déstressant les adultes, conseillent avant tout les professionnels, dont certains s’inquiètent aussi des conséquences d’un excès d’hygiène qui pourrait notamment avoir raison des doudous.
Sommaire
- Quels effets du confinement sur les tout-petits ?
- Comment les déconfiner en douceur ?
- Est-ce anxiogène pour un bébé d’être face à adulte masqué ?
- Comment préparer le retour chez la nounou ou en crèche ?
Quels effets du confinement sur les tout-petits ?“Le développement de l’enfant pendant ses mille premiers jours dépend de l’état de sa mère. Si sa mère est confinée en souriant, l’enfant n’aura rien du tout. Si sa mère déprime, s’il y a un deuil dans la famille, si elle appartient à un foyer violent, si elle est morte ou malade, l’enfant sera altéré”, explique le neuropsychiatre Boris Cyrulnik.D’où l’importance, pour lui, de prendre en charge les mères en détresse afin d’éviter d’aggraver les inégalités sociales.De très jeunes enfants ont sans doute aussi
passé beaucoup de temps devant des écrans pendant le
confinement. Claudia Kespy-Yahi, vice-présidente de la Fédération française des entreprises de crèche et dirigeante de Cap Enfants (7 crèches en région parisienne) anticipe même pour certains une nécessité de “sevrage” lors du retour en collectivité. “Il faudra réussir à les embarquer dans des jeux car ils pourraient être en manque”.Comment les déconfiner en douceur ?L’essentiel dépendra là aussi de l’état des parents. “Beaucoup sont complètement paniqués et pour nous pédiatres c’est extrêmement préoccupant car le stress est très nocif sur le cerveau de l’enfant”, observe Catherine Gueguen, spécialiste du soutien à la parentalité ayant publié plusieurs ouvrages sur le sujet.Dans ses crèches, Claudia Kespy-Yahi relève que seulement 30% des parents sont prêts à revenir le 11 mai, selon un sondage préliminaire. D’où la nécessité, selon elle, de “réassurer” les parents, sur les conditions d’accueil, d’hygiène. Il sera également crucial de rassurer les professionnels de la petite enfance.Est-ce anxiogène pour un bébé d’être face à adulte masqué ?Dans les crèches réquisitionnées pour les enfants de soignants, les professionnels
portent des masques notamment pour les repas ou les changes. Les retours sont plutôt rassurants avec des enfants qui montrent une très grande capacité d’adaptation, rapporte Julie Marty Pichon, du collectif “Pas de bébés à la consigne !” qui défend le secteur.Il va falloir “customiser” ces masques, jouer à apparaître/disparaître avec eux afin que “l’enfant comprenne que ce qui disparaît sous le masque est en fait toujours là”, prévoit Claudia Kespy-Yahi.Pour Catherine Gueguen en revanche, “le masque est une catastrophe. Si on ne voit pas le visage, on peut pas lire l’expression“. Elle plaide pour des masques transparents.Le collectif “Pas de bébé à la consigne !” craint un retour à l’hygiénisme-roi comme dans les années 60 où les enfants portaient des tenues de crèche pour se prémunir contre des virus venus de l’extérieur. “Les crèches sont des lieux d’accueil socio-éducatifs et pas juste sanitaires”, rappelle Julie Marty Pichon“L’hygiène peut faire des catastrophes si on oublie que toucher est vital pour le développement”, appuie Catherine Gueguen.Comment préparer le retour chez la nounou ou en crèche ?Après deux mois en famille, l’adaptation est différente du début d’année car ils connaissent les lieux, le personnel, il s’agit plutôt d’une mini-adaptation.Claudia Kespy-Yahi conseille de faire écouter et chanter à la maison la musique et les comptines de la crèche. Il faut aussi essayer de les familialiser avec le masque. Mais en expliquant “pourquoi on porte ce masque et en précisant bien que ce microbe a priori n’est pas grave sauf pour les personnes âgées“, insiste Catherine Gueguen.Pour le
lavage des mains, on peut en faire un rituel amusant avec les petits qui adorent en principe jouer avec l’eau.Enfin, dernier sujet hautement sensible: le doudou.Certaines crèches préviennent déjà qu’il ne pourra pas circuler entre la maison et la crèche. Il va donc falloir trouver deux doudous. Une aberration pour Julie Marty-Pichon qui s’interroge sur l’intérêt sanitaire d’une telle mesure. “Le doudou est un objet transitionnel qui doit faire le lien entre la maison et le lieu d’accueil. Si vous cassez ça, vous mettez les enfants dans une grande situation de stress“, prévient-elle.Click Here: NRL Telstra Premiership