Le bisphénol A n’en finit plus de faire parler de lui. Après avoir été interdit dans les biberons et les conditionnements destinés aux enfants de moins de 3 ans, il reste présent dans de nombreux contenants alimentaires. Après avoir procédé à une réévaluation de ses risques, l’agence européenne de sécurité des aliments propose d’abaisser provisoirement la dose journalière tolérable actuelle d’un facteur 10. Pour le Réseau environnement santé, c’est bien, mais ce n’est pas assez.
L'agence européenne de sécurité alimentaire vient d'abaisser la dose journalière tolérable pour le bisphénol A.
Après
l’avis1 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en mars dernier, c’est au tour de l’agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) de publier un avis provisoire sur le polémique
bisphénol A2.Des effets indésirables pour le foie, les reins et la glande mammaire
Plus de 450 études portant sur les dangers potentiels pour la santé associés au bisphénol A (BPA) ont été examinées. En conclusion, l’EFSA a identifié des effets indésirables sur le foie, les reins et la glande mammaire qui l’ont conduit à abaisser la dose journalière tolérable (DJT)3, passant de 50 µg/kg de poids corporel/jour à 5 µg/kg de poids corporel/jour. Elle rappelle que “toutefois, le BPA représente un risque faible pour la santé des consommateurs étant donné que l’exposition à cette substance est bien inférieure à la DJT provisoire“.
Néanmoins, cette valeur reste provisoire, en attendant les conclusions définitives de l’agence suite à une consultation publique en ligne ouverte jusqu’au 13 mars. En effet, “toutes les parties prenantes et intéressées sont invitées à formuler leurs observations sur le document“, et notamment les agences nationales ayant déjà procédés à de telles évaluations (comme c’est par exemple le cas pour l’Anses).La méthodologie de l’Efsa critiquée par le Réseau Santé EnvironnementConcernant les organes reproducteurs (le BPA étant accusé d’être un perturbateur endocrinien), l’agence conclut qu’il existe “des incertitudes quant à un certain nombre d’autres risques (NDLR : sur les systèmes reproductif, nerveux, immunitaire, métabolique et cardiovasculaire) pour la santé considérés comme moins probables“.Pour le Réseau Environnement santé, “contre toute évidence, l’EFSA continue de nier le caractère de perturbateur endocrinien du BPA“4. Pour l’association, le problème vient avant tout de la méthodologie de travail de l’agence, qui “continue de s’appuyer sur les 2 mêmes études que dans son précédent rapport et qui (…) ont fait l’objet de critiques (…) mettant en évidence le caractère frauduleux de leur conception destinée à ne rien pouvoir mettre en évidence5. La principale critique est que ces études n’ont testé que des fortes doses, ce qui ne permet pas de voir les effets survenant à faible dose qui sont la caractéristique des perturbateurs endocriniens“.Dans son avis publié en avril 2013, l’Anses évoque des effets qui peuvent “concerner le cerveau et le comportement, le métabolisme et l’obésité ou encore l’appareil reproducteur féminin“ lors de la manipulation de papiers thermiques. Néanmoins, “compte tenu des nombreuses incertitudes associées à l’exercice d’évaluation des risques, le niveau de confiance a été qualifié de “limité“ par les experts“.Yamina Saïdj
Sources :
1-
Évaluation des risques du bisphénol A (BPA) pour la santé humaine, rapport d’expertise collective, mars 2013
2-
Bisphénol A: l’EFSA organise une consultation publique sur l’évaluation des risques pour la santé humaine, communiqué de presse de l’EFSA, 17 janvier 2014
3- La Dose journalière tolérable (DJT) correspond à “la quantité estimée d’une substance chimique qui peut être ingérée quotidiennement pendant toute la durée d’une vie sans risque significatif pour la santé“. Elle est similaire mais pas identiques à la DJA, qui, elle “s’applique à des substances chimiques qui sont délibérément ajoutées à un produit ou à un ingrédient, ou que l’on retrouve sur une denrée alimentaire, à la suite par exemple du traitement des cultures par pulvérisation d’un pesticide ou application d’un agent antifongique“. Source : EFSA
4-
BPA : l’EFSA révise sa DJA mais continue de nier 95 % des données scientifiques publiées, communiqué de presse du Réseau Environnement santé, 17 janvier 2014
5 –
Flawed experimental design reveals the need for guidelines requiring appropriate positive controls in endocrine disruption research, vom Saal FS and al, Toxicol Sci. 2010Click Here: Cheap Chiefs Rugby Jersey 2019