La Mission interministérielle contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) a lancé le 12janvier une nouvelle campagne d’information pour rappeler l’existence des “Consultations Jeunes Consommateurs“(CJC), des structures qui accueillent gratuitement les jeunes ou leurs parents pour faire le point sur leur consommation de substances addictives diverses.
Lancement de la campagne d'information rappelant l'existence des Consultations Jeunes Consommateurs.
Alcool,
cannabis,
tabac,
jeux vidéo… Ces produits font parfois l’objet d’une consommation excessive parmi les jeunes, qu’il convient de repérer avant qu’une addiction ne s’installe, rappelle la Mildeca. D’après l’enquête OFDT/Escapad datant de 2011, 42 % des jeunes de 17 ans ont déjà fumé du cannabis, autant ont consommé du tabac et plus de la moitié a déjà bu au moins 5 verres d’alcool en une occasion au cours du mois précédent l’enquête.Parce que ces comportements sont susceptibles d’entraîner une addiction, d’autant plus qu’ils sont adoptés jeunes, la Mildeca souhaite améliorer le repérage des
usages à risque.400 Consultations Jeunes Consommateurs en FranceElle rappelle donc dans une campagne d’information, lancée le 12 janvier dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017, et qui devrait durer jusqu’au 8 février, qu’il existe des Consultations Jeunes Consommateurs en France, destinées aux jeunes de 12 à 25 ans et à leurs parents.Une démarche pour le moins utile si l’on en croit les résultats d’une enquête menée fin 2014 pour l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes), qui montre que seuls 16 % des parents et 23 % des adolescents ont entendu parler des CJC et qu’aucun d’entre eux ne cite spontanément ces structures !On en recense pourtant plus de 400 sur le territoire, la plupart rattachées à des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Elles sont composées de professionnels (médecins, psychologues, éducateurs) formés aux addictions mais aussi aux spécificités de l’approche des jeunes, souligne la Mildeca.Gratuites et anonymes, elles sont destinées à offrir une écoute et un soutien ainsi que des informations précises sur les produits (tabac, cannabis, alcool, drogues de synthèse, jeux vidéo…) et addictions. Elles s’adressent aussi bien aux jeunes, dont la consommation sera évaluée afin de lui apporter une réponse adaptée, qu’aux parents inquiets.Une consommation minimisée par les ados… mais qui inquiète les parentsL’enquête menée par l’Inpes montre en effet que la consommation de tabac, cannabis et alcool est une vraie source d’inquiétude chez les parents d’adolescents (94 % se disent préoccupés par cette question). Une inquiétude qui pourrait paraître disproportionnée au regard des pratiques revendiquées par les adolescents eux-mêmes – seuls 16 % reconnaissent une pratique problématique des jeux vidéo et 5 % une consommation excessive de tabac -, mais qui semble toutefois légitime, les jeunes ayant fortement tendance à minimiser leurs consommations, souligne la Mildeca.C’est d’ailleurs l’angle qui a été choisi pour la campagne d’information sur les CJC : le décalage entre l’inquiétude des parents qui imaginent leur enfant complètement accro au tabac, à l’alcool ou autres jeux vidéo, ayant une vision très noire de l’avenir qu’ils se construisent, et la relative sérénité des ados, qui considèrent leur consommation comme très modérée.La campagne lancée le 12 janvier repose sur la diffusion de trois spots télé mettant en scène “les visions caricaturales et fantasmées induites par des comportements potentiellement addictifs“ (cannabis, alcool, jeux vidéo) et faisant apparaître les CJC comme des lieux de retour au dialogue entre l’adolescent et son entourage ; tous renvoient vers la ligne de Drogues Info Service (0 800 23 13 13 ou par internet
www.drogues-info-service.fr).
Un dispositif web a également été développé, ainsi que des affiches, des dépliants et tout un ensemble de documents pour aider les professionnels à relayer le message auprès des jeunes.Enfin, l’enquête de l’Inpes montre que si la question de l’addiction est loin d’être taboue et qu’elle est volontiers abordée en famille, elle devient rapidement source de conflit (surtout au regard des jeunes) lorsqu’elle est effective. Pour la plupart, les parents se sentent capables de gérer ce problème seuls : ils ne sont que 39 % à chercher de l’information en cas de problème (et seulement 14 % des adolescents). Mais paradoxalement, ils sont unanimes pour saluer les Consultations Jeunes Consommateurs, qu’ils jugent utiles lorsqu’on leur en explique le principe.Amélie Pelletier
Sources :
1. “Les consultations Jeunes Consommateurs“, une ressource pour agir précocement et aider les familles et les jeunes. Dossier de presse de la Mildeca, 12 janvier 2015.2.
Enquête OFDT/Escapad, 2011, réalisée auprès d’adolescents français de 17 ans.