Pris en charge en 2014 dans un centre de Médecins Sans Frontières au Liberia, des patients Ebola ont reçu une combinaison d’antipaludéens différente de celle couramment donnée, à cause d’une rupture de stocks de médicaments. Il apparaît aujourd’hui chez ces patients, une diminution du risque de mortalité. Cette découverte fortuite ouvre la voie à un traitement contre Ebola.
Un traitement contre le paludisme pourrait se révéler efficace pour réduire la mortalité des patients Ebola.
Plus de 28 000 cas d’Ebola et 11 000 décès ont été rapportés en Afrique de l’Ouest depuis le début de l’épidémie, il y a près de deux ans. A ce jour, aucun traitement n’a démontré son efficacité face à ce virus.Une découverte due à une rupture de stocks de médicamentsL’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a touché 28 000 personnes, dont 11 000 sont décédées. Sur place, Médecins sans frontières a pris en charge les malades en suivant un protocole de prise en charge qui incluait systématiquement l’administration d’antipaludéens. Pendant le pic de l’épidémie, en août 2014, le centre Ebola de Foya, au Libéria, était en rupture de stock du cocktail d’antipaludéens couramment recommandé artemether-lumefantrine (AL). Pendant deux semaines, les patients ont alors reçu une autre association, artésunate-amodiaquine (ASAQ) en substitution.En analysant les données a posteriori de ces patients, il apparaît que la mortalité due à Ebola était 31 % moins importante chez ceux qui avaient reçu l’association ASAQ. Ces analyses approfondies des données ont permis d’exclure d’autres raisons ayant pu avoir un impact sur la mortalité comme l’âge des patients ou leur charge virale au moment de l’admission.Plus de recherche sur l’amodiaquine contre EbolaCe serait l’amodiaquine qui serait à l’origine de cet effet, si l’on considère que l’activité de ce composant contre le virus Ebola a récemment été observée au cours de tests in vitro.Plusieurs tests sont actuellement effectués pour évaluer l’efficacité contre Ebola de médicaments aujourd’hui utilisés pour traiter d’autres maladies, comme le paludisme. A ce jour, aucun des essais cliniques de ces traitements n’a abouti à des preuves concluantes, mais cette étude rétrospective publiée dans le New England Journal of Medicine devrait inciter à davantage de recherche sur l’ASAQ. Bien sûr, cette étude n’est pas exempte de biais, ce que reconnaissent les auteurs. On ne peut ainsi être sûr que c’est l’association ASAQ qui a réduit la mortalité et non l’association AL qui l’a aggravée. On ne peut s’assurer que les patients ont reçu l’intégralité du traitement (en particulier ceux souffrant de vomissements),“Au vu du contexte particulier de cette étude, nous devons rester prudents et éviter de tirer des conclusions hâtives. Mais à ce jour, l’ASAQ est une piste prometteuse de traitement d’Ebola. Il est urgent de mener des essais précliniques et cliniques qui permettraient de confirmer l’effet de l’ASAQ sur la réduction de la mortalité des patients Ebola“ explique le docteur Iza Ciglenecki, cosignataire de l’étude.Continuer la recherche contre Ebola“L’épidémie semble toucher à sa fin, mais nous espérons que cela ne ralentira pas les efforts pour trouver des traitements, des tests diagnostiques et des vaccins efficaces contre Ebola et d’autres maladies émergentes. Ces derniers doivent être disponibles pour les personnes qui en auront besoin au cours des prochaines épidémies“, conclut le Dr Ciglenecki.Dans le cadre de cette recherche, on note l’importance de recueillir des données sur les patients durant ces épidémies afin de pouvoir comparer l’efficacité de prise en charge et faire des découvertes inattendues comme celle évoquée aujourd’hui. Cette stratégie serait d’autant plus pertinente face à Ebola que la recherche sur les animaux est difficile faute de disposer d’un modèle animal très efficace (en dehors des primates, ce qui rend les études plus longues, plus chères et éthiquement plus contestables).
abstract accessible en ligne)
David Bême Source :Effect of Artesunate–Amodiaquine on Mortality Related to Ebola Virus Disease – Gignoux E., Azman A.S., de Smet M., et al – N Engl J Med 2016; 374:23-32 (
étude accessible en ligne)Communiqué de MSF- 7 janvier 2016Photo : Kjell Gunnar Beraas/AP/SIPAClick Here: camiseta seleccion argentina