L’accident de voiture provoqué par le prince Philip a ouvert outre-Manche un débat qui pourrait bien s’envenimer, entre interrogations sur l’aptitude du nonagénaire à conduire et suspicion d’une justice à deux vitesses. Un sujet d’autant plus délétère que l’époux de la reine Elizabeth II a braqué un peu plus l’opinion publique 48 heures après les faits, de retour au volant… sans porter sa ceinture de sécurité, ce qui est illégal au Royaume-Uni également.
Rappel des faits : jeudi 17 janvier 2019 vers 15h, le duc d’Edimbourg, 97 ans, conduisait son Land Rover Freelander dans les environs du domaine royal de Sandringham, résidence hivernale de la monarque dans le Norfolk. En s’engageant sur un axe principal (l’A149) depuis une route secondaire, le mari de la souveraine a percuté une Ford Kia avec à son bord deux femmes et un bébé de 9 mois. Par miracle, et malgré des images impressionnantes montrant le Freelander sur le flanc et la Kia dans le décor, la collision n’a fait aucune victime, seulement des blessures légères chez les deux occupantes de la seconde, qui ont été conduites à l’hôpital.
Vers des poursuites judiciaires ?
Emma Fairweather, qui en était passagère, a tout de même eu le poignet cassé, mais sa souffrance est plutôt morale. Elle a confié sa colère et ses raisons dans l’émission télé This Morning sur la chaîne ITV, choquée en premier lieu que le prince Philip ne l’ait pas contactée pour prendre de ses nouvelles : “Je me suis dit qu’il devait sûrement vouloir me parler, mais quelqu’un m’a dit qu’il avait essayé mais qu’on lui avait dit de ne pas le faire“, a-t-elle témoigné, après avoir seulement reçu un message de la dame de compagnie de la reine Elizabeth II. Je ne crois pas que demander si quelqu’un va bien revienne à admettre sa responsabilité. Hier, la presse le citait disant qu’il se sentait bête, ça donnait l’impression qu’il s’excusait devant tout le monde, non pas auprès de moi.” Quant au fait de le revoir au volant et sans ceinture deux jours plus tard, c’était aux yeux d’Emma – et pas qu’elle, de toute évidence – “hautement indélicat et inconsidéré“.
Si les torts du duc d’Edimbourg devaient être avérés, il faudrait “absolument” que des poursuites soient engagées à son encontre, estime la mère de deux enfants, qui aurait par ailleurs l’intention de porter plainte pour obtenir des dommages et intérêts. Mais elle semble craindre que la justice ait deux poids, deux mesures : “Il faut qu’on décide si le prince Philip et moi sommes logés à la même enseigne ou non. Il n’a pas été traité pareil que moi“, a-t-elle souligné, indiquant n’avoir toujours pas été entendue par la police quatre jours après l’accident. Le duc d’Edimbourg, lui, avait plaidé sa cause en prétextant avoir été ébloui par le soleil – or, la météo était nuageuse le jour des faits, selon divers témoignages.
Très désagréable quand il veut
Il n’y aura en tout cas pas de traitement de faveur envers le mari de la reine de la part de Piers Morgan : deux mois après avoir démoli la duchesse Meghan et décrit son revirement depuis qu’elle a rencontré le prince Harry, le journaliste et animateur s’est payé le duc d’Edimbourg, épinglant son mauvais caractère (notoire), l’irresponsabilité de sa conduite et son impunité (pour l’instant). Dans son billet d’humeur paru sur le Mail Online, Piers Morgan commence par décrire le “très désagréable personnage” que le prince peut être quand il le décide. “L’être humain le plus impoli que j’aie jamais rencontré“, assène-t-il d’emblée en se remémorant leur toute première entrevue, il y a vingt ans. C’était lors de la célébration du 50e anniversaire du prince Charles au palais de Buckingham, où Morgan, alors rédacteur en chef du tabloïd The Mirror, avait été convié. Il se souvient encore de la moue de dégoût extrême du duc d’Edimbourg en apprenant sa profession et de la manière dont il avait tourné les talons, snobant la main que le journaliste lui tendait poliment – une attitude d’un sacré culot envers une personne invitée à l’anniversaire de son fils.
Vingt ans après, ce souvenir tenace remonte à la surface au vu des récents événements et Piers Morgan n’en revient pas de l’arrogance du mari de la souveraine : “Franchement, je crois que quelqu’un âgé de 97 ans ne devrait pas avoir le droit de conduire – encore moins si ce quelqu’un dispose d’une armée de serviteurs et de gardes du corps qui peuvent le faire à sa place. Mais ce n’est pas ce qui m’ennuie le plus dans cette histoire. Non, ce qui m’a fait enrager, c’est ce qu’il s’est passé ensuite. Le jour suivant, un Land Rover flambant neuf a été livré à Philip au vu et au su des médias. Et quelques heures plus tard, il roulait sur des routes publiques sans porter la ceinture – c’est illégal. Les images montraient un Philip défiant, grognant au volant. Son message était clair : ‘Vous ne m’empêcherez pas de conduire, je suis suffisamment riche pour avoir une nouvelle voiture quand je le veux et je me moque d’obéir à la loi.’ (…) Quelle arrogance à couper le souffle ! Quelle indélicatesse hallucinante envers les gens dont il a percuté la voiture quelques heures plus tôt ! Vous imaginez le scandale, si ça avait été un footballeur célèbre comme David Beckham qui s’était comporté ainsi ? Il aurait été immédiatement crucifié par la presse et par le tribunal de l’opinion. Il aurait aussi dû faire face, c’est quasiment certain, à des poursuites. Mais Philip, apparemment, a seulement reçu un avertissement amical de la police.“
Mais que fait la reine Elizabeth II ?
La diatribe prend un ton encore plus acerbe : “Pire, il ne s’est même pas embêté à prendre contact avec les personnes qu’il a heurtées. Au lieu de quoi, un assistante de sa femme, la reine, a laissé un message vocal disant ‘qu’ils pensaient bien à elles’. Hein ? Il me semble que Philip n’a pensé à personne d’autre qu’à lui, de la manière la plus égoïste, froide et indélicate qui soit.” Se présentant comme un grand fan de la famille royale et faisant l’éloge des services rendus par le duc d’Edimbourg (un “homme extraordinaire qui a voué sa vie à servir son pays magnifiquement d’une myriade de façons“) qui valent bien la retraite qu’il a prise à l’été 2017, Piers Morgan en termine avec une dernière semonce et une injonction à la monarque : “Mépriser aussi ouvertement l’opinion publique et la loi est totalement inacceptable, en particulier pour le mari de la reine. Philip, je l’ai appris à mes dépens, se fichera pas mal de ce que j’ai à dire sur sa conduite, tout comme de ce qu’en pense le reste des médias. (…) Il apparaît également qu’il refuse d’écouter ce que ses gardes du corps lui disent. (…) Non, il n’y a qu’une personne au monde que Philip écoute et cette personne, c’est son épouse. Alors je suggère respectueusement à Sa Majesté de glisser quelques mots autoritaires à l’oreille irascible et belliqueuse du Duc du Danger, de lui dire d’arrêter d’être un imbécile borné et insensible, et de lui ordonner d’arrêter de conduire. Pour son bien, et pour le nôtre.“
Auquel cas, il restera encore au duc d’Edimbourg la conduite d’attelage, sa grande passion, sur le domaine de Windsor.
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