L’annonce de son départ prochain pour un collège huppé britannique afin d’y poursuivre ses études de future reine suscite la haine de ceux qui rêvent de décapiter un jour la monarchie. Mais la princesse Leonor d’Espagne âgée de 15 ans se sait protégée par sa mère la reine Letizia. Récit.
Divisée, l’Espagne ? C’est peu de le dire ! En ce moment, on trouve au cœur des débats une jeune fille de 15 ans, qui n’a rien demandé à personne et continue d’afficher son sourire enfantin contre vents et marées. Élevée au rang de princesse des Asturies en 2014, elle se prénomme Leonor et sera appelée, un jour prochain, à succéder à son père Felipe VI au trône d’Espagne. Depuis 1843, il n’y a plus eu de femme couronnée reine de l’autre côté des Pyrénées… L’enjeu peut sembler de taille lorsqu’on est adolescente. Mais Leonor sait, sent, que ses parents vont lui laisser le temps de grandir. Tranquillement. Sereinement. Même si la formation de la future souveraine connaît certainement une accélération, tandis que le roi s’emploie à réparer une monarchie ébranlée, chahutée.
A l’origine de ces vives critiques, le communiqué de la Casa Real daté du 10 février, informant qu’à la rentrée prochaine Leonor intégrera, jusqu’à son bac, le prestigieux UWC Atlantic College au Pays de Galles. Un cursus des plus classiques pour tous les héritiers des monarchies européennes. Pourtant, aussitôt, les loups sont sortis du bois pour parler de gabegie et d’indécence, à commencer par les députés du parti d’extrême gauche Podemos, aujourd’hui au gouvernement, qui ont vu l’occasion idoine pour poursuivre leur travail de sape de la Couronne. Mais c’est loin d’être acquis.
67 % des Espagnols restent fidèles à leur monarchie
Un sondage réalisé en décembre a dévoilé que près de 67 % des Espagnols restent fidèles à leur monarchie constitutionnelle. Et ce, malgré le scandale provoqué par la publication des comptes à l’étranger de Juan Carlos 1er, leur roi émérite. D’autant moins acquis, que le parti dirigé par Pablo Iglesias, ministre des Affaires sociales, n’est pas exactement un modèle de vertu : une récente enquête vient de dévoiler que la nourrice des enfants du leader populiste, payée 50 000 euros par an, bénéficierait d’un statut de fonctionnaire. Dur dur tout de même d’être une princesse dans une ambiance si délétère. Jusqu’ici, Leonor n’avait rien vu de la brutalité du monde qui l’attendait.
Son enfance s’est déroulée à l’abri des regards indiscrets, protégée par Letizia, une maman en mode louve et un père aimant et discret, conscient de ses responsabilités. La première ? Donner le meilleur exemple à son héritière, dans le respect inflexible des règles, afin qu’elle les applique et les défende lorsque viendra son tour. « Felipe a intériorisé qu’il doit faire exactement le contraire de ce que son père a fait », écrit le journaliste José Antonio Zarzalejos dans l’essai qu’il vient de consacrer au jeune monarque* : « Etre accepté pour sa sobriété, sa discrétion, et, surtout, pour son exemplarité. » Pour notre confrère, la critique à propos du futur collège gallois de l’héritière n’est pas recevable : « Dans la perspective des fonctions qui attendent Leonor, elle recevra là la formation nécessaire, au contact de gens divers et en accumulant une expérience précieuse. »
Avant elle, son père avait également quitté le cocon familial au même âge pour Toronto où il avait intégré la Lakefield College School. En termes d’éducation, s’éloigner de la protection familiale, c’est aussi un moyen de s’aguerrir. « A son retour, Leonor réintégrera certainement le système éducatif espagnol et passera par l’université avec l’objectif d’obtenir, comme son père, un master en relations internationales. » Plus insolite sera la toute dernière étape de sa formation croit savoir Zarzalejos : elle conduira la jeune femme à intégrer une école militaire, ce qui sera une première dans l’histoire de la Casa Real. A raison, puisque son titre de reine fera d’elle le commandant suprême des forces armées.
Pourtant, il nous faut faire un effort puissant d’imagination pour voir un jour la princesse Leonor en treillis kaki et rangers. Qu’il semblera loin alors le temps de ses petites robes col Claudine aux tons invariablement pastel, achetées avec maman chez Mango ou Zara dans les boutiques de Madrid. Les observateurs reprochent volontiers à la reine Letizia de maintenir trop longtemps sa fille aînée dans l’enfance à travers les tenues qu’elle lui choisit. Tout récemment, Leonor a cependant attiré l’attention lors d’une sortie en famille : tandis que sa jeune sœur chaussait des sandales invariablement plates, Leonor portait une paire de jolis escarpins à petits talons. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour sa féminité.
Leonor, une personnalité spontanée, discrète, mais attentive
Que sait-on de Leonor qui pourrait permettre au peuple espagnol de croire en l’avenir royal de leur princesse ? Ses rares sorties ont permis de tabler sur une personnalité spontanée, discrète, mais attentive. « Elle a suscité du charme et de la sympathie », écrit en substance Zarzalejos qui consacre un long chapitre à Leonor. « Elle affiche toujours un sourire naturel, s’exprime sans affection, mais avec assurance, une bonne diction et quelques techniques oratoires apprises avec une précocité inhabituelle. » Beaucoup s’accordent à dire qu’elle paraît plus timide et moins délurée que sa sœur Sofia. A sa décharge, le protocole place toujours Leonor à la droite de son royal père, ce qui n’invite pas à se relâcher… La même responsabilité ne pèse pas sur les épaules de l’infante, de surcroît plus jeune de deux ans que Leonor.
Élève du collège privé madrilène, mixte et laïque que fréquentait déjà Felipe (Santa Maria de los Rosales), on sait que la princesse parle l’anglais couramment et aussi fort bien le français dit-on – utile pour ne pas être prise en défaut si l’on venait à lui rappeler qu’elle est une descendante de Louis XIV ! Leonor apprend également l’arabe et maîtrise le catalan. Pour le reste, elle serait plutôt de profil scientifique et adorerait les maths.
Click Here: Celtic football tracksuit
Leonor de Bourbon fêtera ses 18 ans le 31 octobre 2023. Dès lors, elle pourrait être sacrée reine ce que beaucoup ne souhaitent pas à cette date, même parmi les défenseurs de la Couronne. Felipe VI aura, d’ici là, à ramener définitivement la stabilité perdue de l’Espagne. Ce qui laisse du temps à la jeune fille pour se préparer. Pendant ce temps, elle vivra l’accession au trône d’autres princesses héritières. C’est même un nouveau « girl power » qui se dessine en Europe : Catharina-Amalia, 17 ans sera la future reine des Pays-Bas. Elisabeth, duchesse de Brabant, 19 ans, celle de Belgique. En Suède, c’est la princesse Victoria, 43 ans, qui succédera à son père, le roi Charles Gustave et, après elle, sa fille la princesse Estelle, aujourd’hui âgée de 8 ans. Leonor n’est pas pressée. Son père est de surcroît le plus jeune monarque du vieux continent. Et à ses côtés, elle a tant de choses à apprendre.
Crédits photos : Dana Press / Bestimage