Mercredi, des peines de prison ferme ont été prononcées à l’encontre de deux anciens médecins de l’hôpital d’Epinal et de leur collègue radiophysicien lors du procès de ce qui est le plus grave accident de radiothérapie recensé en France. Entre 2001 et 2006, près de 450 personnes avaient reçu des surdoses de radiation causées par des dysfonctionnements du service de radiothérapie de l’hôpital d’Épinal. Douze patients en sont morts.
La radiothérapie traite environ 170 000 patients par an soit près de la moitié des nouveaux patients traités pour un cancer chaque année en France.
Le plus grave accident de radiothérapie en FranceTraités pour des cancers de la prostate, près de 450 patients ont reçu des doses excessives de radiation entre 2001 et 2006. Selon le bilan fourni lors du procès, 12 personnes en sont décédées. A l’origine de cet accident, deux dysfonctionnements avaient été identifié dans le service de radiothérapie de l’hôpital d’Epinal : des erreurs de paramétrage du logiciel de la nouvelle génération d’appareils (qui a entraîné les expositions les plus graves + 20 % sur 24 patients) et l’absence de prise en compte, dans le calcul final des radiations, des doses délivrées lors des contrôles radiologiques précédant le traitement lui-même (avec des surdoses de 8 à 10 % sur plus de 400 patients).Philippe Stäbler, président de l’Association vosgienne des surirradiés de l’hôpital d’Épinal (AVSHE) rappelait les principales attentes des victimes en septembre 2012 à l’antenne de RTL.
De la prison ferme pour deux anciens médecins et un radiophysicienLa majorité des patients irradiés ont été indemnisés. Ce procès avait donc pour but de faire la vérité sur cet accident. Six ans après les premières plaintes, le verdict tombe : le radiophysicien Joshua Anah, 54 ans, est reconnu coupable d’homicides et blessures involontaires et soustraction de preuve et condamné à une peine de trois ans de prison dont 18 mois ferme, 10 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer pendant cinq ans. Les deux médecins radiothérapeutes Jean-François Sztermer, 64 ans, et Michel Aubertel, 62 ans, sont reconnus coupables d’homicides et blessures involontaires, ainsi que de non-assistance à personne en danger. Ils sont condamnés à 4 ans de prison dont 18 mois ferme, 20 000 euros d’amende et une interdiction définitive d’exercer. Les autres prévenus ont été relaxés.Les associations de patients se sont dites soulagées de ce verdict. De leur côté, les professionnels condamnés ont dix jours pour faire appel.Les irradiés de Rangueil attendent leur procès…Dans le même temps, les victimes de surdoses de radiations administrées à 145 patients entre 2006 et 2007 au CHU de Rangueil (Toulouse) ne sont pas sûres de voir leur affaire jugée. Le 28 septembre 2012, le procureur du pôle santé de Paris avait requis un non-lieu dans ce dossier, estimant qu’il n’y aurait eu qu’une erreur unique du radiophysicien. Une analyse que ne partage pas l’association de victimes SOS irradiés 31. Ce sera donc au juge d’instruction de rendre une ordonnance d’ici la fin du mois de mars 2013. En cas de non-lieu, l’association a déclaré qu’elle irait en appel.La radiothérapie traite environ 170 000 patients par an soit près de la moitié des nouveaux patients traités pour un cancer chaque année en France. Depuis la survenue de ces accidents, plusieurs mesures ont été prises pour améliorer la qualité et la sécurité des pratiques de soins, la radiovigilance, les ressources humaines et la formation, la sécurité des installations, la relation avec les patients, les inspections et contrôles et la connaissance des conditions d’exercice de la radiothérapie. Des actions concrètes ont immédiatement été mises en place et font l’objet d’un suivi. Le rapport final du Comité national de suivi des mesures pour la radiothérapie 2008-2011 a été
publié en juin 2012.David BêmeSources :Europe 1 – janvier 2013Site SOS irradiés 31