Selon une nouvelle étude publiée dans leNew England Journal of Medicine, des experts de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Imperial College de Londres prédisent que, si les mesures de lutte en Afrique de l’Ouest ne sont pas rapidement renforcées, le nombre de cas continuera à augmenter de façon exponentielle et que plus de 20000 personnes seront infectées d’ici novembre.
Les experts redoutent 20 000 infections d'ici novembre (Photo : Ebola Centers à Harare – Zimbabwe)
Autant d’hommes que de femmes touchés par EbolaBien que flambée de maladie à virus Ebola en Afrique de l’ouest ait été notifié à l’OMS en mars 2014, les enquêtes rétrospectives ont montré qu’elle avait débuté en décembre 2013. Entre le 30 décembre 2013 et le 14 septembre 2014, 4507 cas au total ont été notifiés à l’OMS. Les travaux présentés permettent d’identifier les personnes les plus touchées par cette flambée. Selon le Dr Christopher Dye, Directeur chargé de la Stratégie à l’OMS et co-auteur de l’étude, “Il peut y avoir des différences dans certaines communautés mais lorsque nous avons examiné l’ensemble des données, nous avons constaté qu’il y avait presque autant d’hommes que de femmes“.Bien que l’obtention de données complètes restent difficile, le taux de létalité apparaît très élevé. “Il ressort de cette analyse qu’au 14 septembre, 70,8% des patients pour qui l’issue avait été établie de façon définitive étaient décédés. Ce taux était cohérent en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone“ précise le spécialiste. Mais le taux de létalité était plus faible lorsqu’on tenait compte seulement des patients hospitalisés, ce qui tend à prouver l’importance de prodiguer rapidement aux patients des soins de soutien de qualité.Chronologie de la flambée épidémiqueL’examen des données a fait aussi apparaître plus clairement la propagation.- Fin décembre, les premiers cas ont été rapportés dans les zones forestières de la Guinée.- En mars, lorsque le Gouvernement a alerté l’OMS, la maladie s’était déjà propagée des zones forestières à la capitale, Conakry.- En mai, la flambée s’est étendue avec force à la Sierra Leone.- En juin, elle s’est vraiment installée au Libéria.- À partir du mois de juillet, le nombre de cas a fortement augmenté dans les trois pays.Le virus profite d’une situation sanitaire particulièreSelon les auteurs, l’ampleur sans précédent de cette épidémie ne s’explique par les caractéristiques du virus (similaires à celles des précédentes flambées) mais “par les caractéristiques des populations touchées, l’état des systèmes de santé et le fait que les efforts de lutte soient insuffisants pour enrayer la propagation de l’infection“. En conclusion, cette flamblée profite du fait que :- Les systèmes de santé des trois pays ont été mis à mal par des années de conflit et la pénurie d’agents de santé est importante ;- Les populations de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone entretiennent des liens très étroits, avec une circulation transfrontalière très importante. “L’important brassage de populations a facilité la propagation de l’infection mais une flambée de grande ampleur n’était pas inévitable“, dit Christl Donnelly, Professeur d’épidémiologie statistique à l’Imperial College et au MRC Centre for Outbreak Analysis and Modelling. “Au Nigéria, par exemple, où les systèmes de santé sont plus solides, le nombre de cas est jusqu’à présent limité malgré l’arrivée de l’infection dans les grandes villes de Lagos and Port Harcourt“.- La vitesse à laquelle des mesures de lutte rigoureuses sont appliquées soit déterminante dans l’ampleur de la flambée.Agir rapidement pour freiner la propagation exponentielle d’EbolaLes conclusions de ces experts sont peu optimistes. “Les projections semblent indiquer que si les mesures de lutte – y compris une meilleure recherche des contacts, un isolement approprié des cas, une amélioration de la qualité des soins et des capacités de prise en charge clinique, une plus grande participation des communautés et un soutien des partenaires internationaux – ne sont pas rapidement améliorées, ces trois pays notifieront bientôt des milliers de cas et de décès chaque semaine“ déclare ainsi le Dr Dye. Et la perspective de voir arriver des traitements ne les incite pas à plus d’optimisme, car même s’ils se révèlent sûrs et efficaces, il faudra sans doute attendre plusieurs mois encore avant qu’ils soient disponibles en quantités suffisantes pour changer la donne.Face à cette alerte, les auteurs appellent à une intensification des mesures de lutte tout en s’attelant à mettre au point et à distribuer rapidement de nouveaux médicaments et de nouveaux vaccins.David BêmeSources : Ebola Virus Disease in West Africa — The First 9 Months of the Epidemic and Forward Projections- Who Ebola Response Team- NEJM 23 septembre 2014 (
étude accessible en ligne)Communiqué de l’OMS – 22 septembre 2014Photo : Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPAClick Here: cheap all stars rugby jersey