A la suite d’une attaque cérébrale, certaines personnes perdent l’usage de la parole, en fonction de la localisation de l’hémorragie ou de l’infarctus. Ce trouble, appelé aphasie, peut être très handicapant. Or des neurologues américains ont confirmé que la musique et son rythme aident particulièrement les patients atteints à retrouver la parole.
Un patient qui a subi une attaque cérébrale dans l’hémisphère gauche du cerveau peut s’avérer incapable de parler, ou de réciter les paroles d’une chanson, c’est ce que les médecins appellent l’
aphasie. Mais le Dr Gottfried Schlaug (professeur de neurologie à l’université de médecine de Harvard) et son équipe ont démontré que si un médecin lui tient la main gauche en tapant le rythme avec ses doigts, le malade se met alors à chanter ces mêmes mots de manière instinctive.
Cette méthode, créée aux Etats-Unis en 1973 pour répondre aux besoins de ces patients incapables de parler après un accident cérébral, est appelée thérapie d’intonation musicale (“Melodic Intonation Therapy“, ou MIT). Mais depuis cette date elle n’est pas ou peu reconnue par le corps médical. Le docteur Gottfried Schlaug, avec ses collègues, a donc voulu démontrer l’efficacité de cette technique en la couplant, pour la première fois, à de l’imagerie cérébrale. C’est à l’occasion de l’American Association of Advancement Scientific (AAAS), organisé du 18 au 22 février dernier à San Diego (Etats-Unis) qu’ils ont présenté leurs travaux.
Le principe de la MIT est de faire entonner au patient aphasique des phrases simples de deux ou trois syllabes, jusqu’à énoncer des phrases plus longues de cinq syllabes ou plus. Pour cela, les neurologues ont élaboré trois niveaux de traitement. Dans la première étape, le thérapeute commence par exemple par fredonner une phrase à raison d’une syllabe par seconde, puis il la chante deux fois de suite en tapotant la main gauche du patient à chaque syllabe. Tout en continuant à tapoter la main du patient, ce dernier l’accompagne au chant, alors qu’il était incapable de prononcer la phrase. Le thérapeute s’éclipse ensuite pour laisser le patient chanter seul.
Deuxième étape, le thérapeute chante une première fois (toujours en tapotant la main du malade), attend six secondes et le patient chante seul, (toujours avec le tapotement sur sa main). De nouveau six secondes passent avant que le neurologue lui pose une question chantée (“What did you say ?“) et le patient doit répondre également avec une intonation, mais sans aucune assistance.
Enfin dernière étape de cette thérapie musicale, le patient doit être capable de répéter une phrase en parlant et de répondre également à des questions sans chanter et sans aide d’aucune sorte.
Le Dr Schlaug a ainsi pu faire prononcer plusieurs phrases à des patients aphasiques (atteinte du cerveau gauche). Selon les résultats de l’imagerie pratiquée en parallèle, les stimuler en tapotant un rythme sur leur main gauche atteindrait leur hémisphère droit (normalement peu utilisé pour la parole, sauf chez les chanteurs professionnels) et ils arriveraient alors à chanter des phrases qu’ils sont incapables de prononcer normalement.
“La musique pourrait donc être un moyen alternatif pour utiliser des parties du cerveau qui ne sont normalement pas utilisées“ pour parler, selon le chercheur, qui mène actuellement une étude clinique sur plusieurs patients afin de faire reconnaître cette approche thérapeutique par les instances médicales.Ioanna Schimizzi
Sources :
– “Singing ‘rewires’ damaged brain“, BBC news, 21 février 2010,
accessible en ligne (possibilité d’entendre, en anglais, un patient incapable de parler, chanter clairement “Happy birthday to you“)
– “Melodic intonation therapy: shared insights on how it is done and why it might help.“, Norton A et coll., Ann N Y Acad Sci. 2009 Jul;1169:431-6.,
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