Maladie qui touche principalement les zones tropicales et subtropicales, la bilharziose (aussi appelée schistosomiase) a gagné l’Europe par la Corse. Cette infection souvent asymptomatique peut provoquer des complications intestinales ou uro-génitales chez l’homme, plusieurs années après la contamination.
La bilharziose est une maladie causée par des parasites présents dans certains mollusques d’eau douce comme les planorbes.
Classée parmi les maladies parasitaires négligées (Neglected Tropical Disease – NTD), la
bilharziose est causée par des parasites présents dans certains mollusques d’eau douce comme les planorbes. L’homme contracte les bilharzies au contact de l’eau, laquelle permet le passage des larves du parasite à travers la peau. Cette contamination se manifeste par des rougeurs et un
prurit, suivis trois semaines plus tard d’une fièvre et d’une éruption cutanée. Les vers devenus adultes vivent dans les gros vaisseaux veineux et pondent des oeufs qui traversent différents organes avant d’être excrétés dans les selles ou les urines. La maladie peut provoquer des
diarrhées sanglantes, des
cystites et dans les cas les plus graves des
cancers de la vessie.Plusieurs cas de bilharziose signalés en CorseLa bilharziose touche principalement les régions tropicales et subtropicales (Afrique, Moyen-Orient, Amérique du Sud, est de l’Asie), où elle est particulièrement mortelle. Plus de 200 millions de personnes dans le monde en sont infectées, dont 85 % en Afrique. Mais depuis 2011, plusieurs cas de schistosomiase ont été signalés en Corse, après que des personnes se sont baignées dans la rivière Cavu. La maladie aurait été introduite par des personnes infectées qui ont contaminé les rivières de Corse en urinant, transmettant ainsi le parasite au mollusque vecteur, présent dans les rivières de l’Ile de Beauté. La situation inquiète des chercheurs européens qui se posent beaucoup de questions quant à l’expansion du schistosome en Europe du sud et à sa virulence chez l’homme.Le réchauffement climatique favorise son expansionPlus préoccupant, les chercheurs du laboratoire Interactions Hôtes-Pathogènes-Environnements ont détecté une hybridation entre le parasite classique S. haematobium et le parasite S. bovis connu pour contaminer le bétail. Conséquence, la maladie pourrait aussi se transmettre par les animaux d’élevage, ce qui favoriserait son expansion dans d’autres pays européens. “Le changement climatique et l’augmentation de la température dans le sud de l’Europe peuvent permettre au schistosome d’effectuer son cycle de vie en infectant des espèces de mollusques adaptées et dont les aires de répartition changent ; ou en s’adaptant aux espèces de mollusques présentes“, alerte par ailleurs le chercheur Jérôme Boissier, co-auteur de l’article publié dans la revue The Lancet Infectious Deseases.Face à cette situation plutôt inquiétante en ce début d’été propice aux baignades, l’équipe de chercheurs demande aux gouvernements, aux organismes de recherche ainsi qu’aux agences de financement de la recherche de “considérer la nécessité d’investir dans la recherche sur les maladies liées aux mollusques vecteurs“.Diagnostic, traitement et prévention de la bilharzioseLe diagnostic de la bilharziose repose sur la mise en évidence d’œufs du parasites (biopsie du rectum, urines, selles etc) et la sérologie. Le traitement actuel repose sur le
Biltricide (
Praziquantel) en prise unique, efficace sur toutes les espèces de bilharzioses. La prophylaxie consiste à éviter de se baigner en eau douce (lac, marigot, rivière à courant faible) dans les régions d’endémie (Sud du Maghreb, Egypte, Afrique noire, Antilles et Amérique du Sud tropicale). L’eau de mer est inoffensive.Si vous devez entrer au contact d’une eau suspecte pour traverser une étendue d’eau par exemple, conservez vos chaussures (hautes de préférence) et vos pantalons serrés aux chevilles, et traversez le plus rapidement possible. Une fois dégagé, frottez-vous avec de l’eau saine savonneuse ou une solution alcoolique. Certains spécialistes préconisent en cas de contamination probable une prévention médicamenteuse par le Biltricide.Annabelle Iglesias Source :
Schistosomiasis reaches Europe, Jérôme Boissier and al, juin 2015, The Lancet Infectious Diseases.