". La nouvelle campagne de Vin & Société a choqué certains professionnels de santé, qui s’inquiètent de voir un lobby s’emparer d’une question de santé publique.
Sommaire
- Une campagne critiquable sur plusieurs points….
- … mais qui a le mérite d’exister
Depuis le lancement, le 10 octobre dernier, d’une campagne de prévention sur les dangers de
l’alcool pendant la grossesse, certains professionnels de santé s’insurgent de voir un message de santé publique récupéré par le lobby du vin. Vin & Société regroupe en effet 500 000 acteurs de la vigne et du vin, rassemblés ici pour diffuser un message “de prévention” à leur manière. Le visuel de la campagne est sensé évoquer “le verre de vin et l’arrondi du ventre des femmes enceintes” et la communication se fait autour d’un partenariat avec l’influenceuse Poussine et la vente d’un bijou: un bracelet, créé pour l’occasion par deux créatrices et symbolisant “l’engagement de la future maman” et rappelant “une règle de précaution : l’abstinence durant la grossesse”…Une campagne critiquable sur plusieurs points….”C’est terrifiant (…) Tout est utilisé pour se donner une bonne image”, s’est insurgé Michel Reynaud, psychiatre addictologue
interviewé par nos confrères du Figaro. En effet, la campagne, qualifiée d’opportuniste, ne va selon lui pas assez loin et minimiserait les risques sous couvert d’un message de prévention.Hormis le
syndrome d’alcoolisation fœtale, les autres dangers de l’alcool ne sont en effet pas évoqués. Ils sont pourtant nombreux. La consommation périodique d’alcool pendant la grossesse peut nuire au développement du cerveau du fœtus et provoquer un retard de croissance, des atteintes du système nerveux central, des malformations. A long terme, l’enfant peut développer des retards intellectuels, des troubles du comportement ou psychomoteur.
Plus inquiétant encore, la campagne semble sous-entendre que que les effets de l’alcool sur le fœtus ne sont pas prouvés et encourage à agir par “principe de précaution”. Or, de nombreuses études ont prouvé l’action néfaste de l’alcool sur le développement du fœtus. Dans un rapport de 2018, par Santé Publique France dévoilait qu’ 1 femme sur 10 consomme de l’alcool occasionnellement pendant sa grossesse, ce qui pourrait avoir un impact sur près de 90 000 naissances. Si la communauté scientifique n’a aujourd’hui plus aucun doute sur l’impact négatif de l’alcool sur le fœtus, la seule inconnue à ce jour est la dose limite pour fixer un seuil de risque pour le développement de l’enfant.
… mais qui a le mérite d’existerCette campagne fait suite aux engagements pris par la structure auprès du président de la République en juin 2018, de mettre en place des mesures de prévention et de lutte contre les consommations nocives d’alcool. Le structure annonce également avoir proposé au gouvernement d’améliorer la visibilité du pictogramme femme enceinte sur les étiquettes, avec une taille à 0,8 cm et en améliorant le contraste. Du côté des viticulteurs, la position est claire “Le but ici n’est pas de remplacer les professionnels de santé, en revanche, les acteurs de la vigne et du vin sont les mieux placés pour donner le bon mode d’emploi de leur produit. Donc pendant la grossesse, et en l’absence d’études concordantes [il en existe pourtant, NDRL], il est recommandé de ne pas consommer d’alcool”, explique Krystel Lepresle, déléguée générale Chez Vin & Société.En France,
le
syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) toucherait 1 naissance sur 1 000. Selon
Santé Publique France, entre 2006 et 2013, 3207 nouveau-nés souffrants de troubles de l’alcoolisation fœtale ont été recensés -l’équivalent d’une naissance par jour- dont 452 correspondant à un SAF.
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