Les inégalités sociales ont des répercussions très fortes sur la santé et ce, dès le plus jeune âge, comme en attestent les résultats d’une enquête menée chez des enfants scolarisés en grande section de maternelle, qui montrent un plus grand nombre d’enfants en surpoids et avec des caries chez les enfants d’ouvriers.
A 6 ans, les enfants d'ouvriers sont beaucoup plus nombreux que ceux de cadres à présenter un surpoids et des caries.
Depuis 1999, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) mène régulièrement des enquêtes en milieu scolaire pour avoir une vue d’ensemble de l’état de santé des enfants. En 2012-2013, elle a analysé le bilan de santé destiné à dépister les maladies et les troubles susceptibles d’avoir un retentissement sur la santé de l’enfant, son développement, ses apprentissages et sur ses relations avec les autres, qu’elle a complété avec un entretien avec les parents.Obésité : 4 fois plus de cas chez les enfants d’ouvriers que chez les enfants de cadresL’enquête montre qu’en 2013, 12 % des enfants de 5-6 ans sont en surcharge pondérale, dont 3,5 % sont obèses. Les filles sont légèrement plus touchées que les garçons, tant par le surpoids (14 % vs 10 %), que par l’
obésité (4 % vs 3 %). Des chiffres qui confirment la stabilisation amorcée depuis 2006 concernant la proportion d’enfants en surpoids, suite à une baisse entamée en 2000, soulignent les auteurs.Surtout, ils constatent que, de ce point de vue-là, les disparités entre enfants d’ouvriers et enfants de cadres ne se sont pas résorbées : les premiers restent 4 fois plus touchés que les seconds par l’obésité.Des inégalités qui se retrouvent au niveau de la santé bucco-dentaireOn apprend également que 1 % des enfants de la tranche d’âge étudiée ne se brossent jamais les dents (!), que 7 % ne le font que quelques fois par semaine et que 37 % le font seulement une fois par jour… Et alors qu’il est recommandé d’emmener son
enfant chez le dentiste une fois par an dès l’âge de 1 an, la majorité des 5-6 ans ne s’y sont encore jamais rendus en dehors du cadre scolaire et des consultations sans avance de frais proposées par l’Assurance Maladie.Là encore, des disparités existent selon les classes sociales des parents : si 16 % des enfants de 5-6 ans ont au moins une carie (non soignée dans les 2/3 des cas), ils sont 30 % parmi les enfants d’ouvriers contre 8 % parmi les enfants de cadre. Des différences qui s’expliquent notamment par une hygiène et un recours aux soins de prévention bucco-dentaire bien moindres chez les premiers : seuls 47 % d’entre eux se brossent les dents plusieurs fois par jour contre 60 % des enfants de cadres, et ils ne sont que 40 % à avoir déjà consulté un dentiste en dehors du cadre scolaire (contre 56 %).Si le soin est le principal motif de consultation chez le dentiste de la moitié des enfants d’ouvriers, quand la prévention est celui de 81 % des cadres, la survenue d’une carie n’incite cependant que ¾ des parents ouvriers à emmener leur enfant se faire soigner, contre 96 % des parents cadres.A l’origine du surpoids/obésité et des caries, les habitudes alimentaires qui ne sont pas les mêmes entre les enfants d’ouvriers et ceux de cadres. Les premiers sont ainsi 31 % à consommer quotidiennement des boissons sucrées, contre 8 % des enfants de cadres.Trop de temps devant un écran chez les enfants d’ouvriersLe temps passé devant un
écran, autre facteur de risque d’obésité reconnu, diffère également selon le milieu socioprofessionnel des parents : un quart des enfants de cadres y consacrent plus d’une heure par jour (tout de même !), quand ils sont 59 % parmi les enfants d’ouvriers. Ces derniers possèdent par ailleurs très souvent un écran dans leur propre chambre (34 % contre 9 %). Les auteurs de l’enquête notent d’ailleurs une corrélation entre le temps quotidien passé devant un écran et la surcharge pondérale, les enfants en surpoids ou obèses étant plus nombreux que les autres à y consacrer plus d’une heure par jour (53 % contre 43 %).Seul le nombre d’heures de sommeil accorde toutes les catégories socioprofessionnelles, avec 10 heures et 43 minutes en moyenne par nuit, sans grande variabilité entre les enfants de cadres et ceux d’ouvriers.De plus en plus d’enfants ont besoin de lunettesL’enquête montre par ailleurs que la proportion d’enfants ayant besoin de lunettes s’accroît d’année en année, atteignant 18 % en 2013 contre 14 % en 2006 et 12 % en 2000. Tous ne sont malheureusement pas équipés, puisque 10,5 % des enfants
myopes n’ont pas de lunettes, “une proportion atteignant 14 % dans les écoles relevant de l’éducation prioritaire“, soulignent les auteurs.Les troubles de l’audition concernent 6 % des élèves de grande section de maternelle, avec une perte de 30 décibels sur au moins une oreille, sur les deux dans 45 % des cas. Les auteurs relèvent toutefois que bon nombre d’enfants de cet âge sont atteints d’
otite séreuse, non douloureuse, qui peut perturber l’audition et donc fausser ces chiffres.L’asthme est en légère hausse, avec 12 % des enfants qui ont déjà eu des sifflements et 11 % une crise d’asthme au cours de leur jeune vie.Hépatite B : une couverture vaccinale insuffisante, surtout chez les enfants de cadresEnfin, les
vaccinations obligatoires sont relativement bien respectées, avec des couvertures vaccinales avoisinant les 95 % pour la
diphtérie, le
tétanos, la
poliomyélite (DTP), la
coqueluche et Haemophilus influenzae de type b (Hib). Celle recommandée contre la
rougeole, la
rubéole et les
oreillons (ROR) a quant à elle nettement progressé, passant de 44 % en 2006 à 83 % en 2013. “Seule la
vaccination contre l’hépatite B demeure insuffisante“, indiquent les auteurs, malgré une hausse de 38 à 51 % de la proportion d’enfants vaccinés.Contrairement aux autres problèmes de santé, ce sont les enfants d’ouvriers ou ceux scolarisés dans des zones d’éducation prioritaire qui sont le plus vaccinés contre l’hépatite B par rapport aux enfants de cadres (64 % vs 49 %), ces derniers manifestant davantage de défiance à l’égard de cette vaccination.Click Here: camiseta seleccion argentina