Double palme d’Or à Cannes avec Le locataire et Le Pianiste, Roman Polanski est à nouveau en compétition avec La Vénus à la fourrure, un brillant huis-clos.
Thomas, metteur en scène en herbe, fait passer les auditions d’une pièce qu’il a écrite, l’adaptation d’un livre de Sacher-Masoch, écrivain autrichien du XIXe siècle qui a donné son nom au masochisme. Il se désespère de ne pas trouver son actrice lorsque débarque Vanda, une jeune femme sexy, vulgaire et décérébrée. Bien qu’elle semble être à l’opposé du rôle, Thomas se laisse convaincre : il lui fait passer l’audition et lui donne la réplique. Commence alors entre eux un petit jeu qui mêle séduction, manipulation, soumission, tout ce qui fait le sel du masochisme.
La Vénus à la fourrure est l’adaptation de la pièce de David Ives, qui lui-même s’est inspiré du livre de Masoch. Une mise en abîme étourdissante qui traîte de la relation, parfois sado-masochiste, entre un réalisateur et ses acteurs. Servi par un texte brillant, Roman Polanski met en scène un huis-clos sarcastique et d’une redoutable intelligence. Les fans de son cinéma y retrouveront même tout un tas de références et clins d’œil à ses précédents films. Mais la véritable prouesse de La Vénus à la fourrure est à mettre au crédit de son formidable duo d’acteurs. Seuls à l’écran durant toute cette histoire qui respecte unité de lieu et de temps propres au théâtre, Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner livrent une magnifique performance. Ils jonglent avec les textes et les rôles, passant de leurs personnages dans le film à ceux de la pièce qu’ils interprètent, avec une incroyable virtuosité.
De Roman Polanski, avec Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner. 1h35. Compétition officielle.