Mariés dans la vie, réunis par le 7e art. Vendredi, le théâtre du Châtelet portera un regard attentif sur Emmanuelle Seigner et Roman Polanski. Nommés pour La Vénus à la fourrure (Meilleure actrice, meilleur réalisateur), ils vivront la cérémonie en amoureux.
Leur vie pourrait être adaptée au cinéma. 33 ans d’écart, 24 ans de mariage, quatre films tournés ensemble, deux enfants (Morgane et Elvis), le scénario semble parfait. Depuis 1989, date de leur mariage, Roman Polanski et Emmanuelle Seigner n’ont cessé de défrayer la chronique. Une évolution faite de joies, de rires, de larmes et de drames.
Vendredi, au théâtre du Châtelet, le couple va peut-être écrire une nouvelle page de sa riche histoire. Nommés dans la catégorie Meilleure actrice et Meilleure réalisateurpour La Vénus à la fourrure, les deux amoureux peuvent définitivement rentrer dans l’histoire du 7e art. Une consécration ultime après des années riches en émotions.
La jeune femme a 18 ans lorsqu’elle rencontre le réalisateur au cours d’un dîner entre amis communs, en 1985. A l’époque, la mannequin n’est pas inspirée par le 7e art. Une situation qui ne semble pas gêner le réalisateur. « J’étais gaie, innocente. C’est ce qui l’a séduit » confiait-elle dans les colonnes de Gala, en 2009. L’alchimie est immédiate. « Pour ne pas le décevoir », Emmanuelle Seigner abandonne le mannequinat. Sa carrière cinématographique peut alors commencer.
En 1988, Frantic marque les grands débuts du couple dans les salles obscures. Sous la houlette du metteur en scène, la soeur aînée de Mathilde Seigner se révèle aux yeux du grand public. Une lumière qu’elle ne quittera plus. Mais en coulisses, cette première expérience cinématographique du couple s’avère mouvementée: « je me suis comportée comme une gamine mal élevée sur le plateau » explique-t-elle. Le côté « artiste » diront certains.
1993, un tournant dans leur vie de couple avec la venue de leur premier enfant, Morgane. Cinq ans plus tard, les deux amoureux donnent naissance à un petit Elvis. Face à cette nouvelle vie de famille, Emmanuelle Seigner laisse son tempérament volcanique de côté. Responsable, elle déclare « les responsabilités quotidiennes, les enfants, la stabilité de la famille et de la maison, c’est moi qui les assume ». Par la suite, les deux mariés s’éloignent un peu. Elle trouve son bonheur dans la chanson. Lui connaît un triomphe international avec Le Pianiste. Le film reçoit de nombreux prix à travers le monde dont la Palme d’or du Festival de Cannes en 2002. Tout semble réussir au couple.
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Mais en 2009, un scandale s’abat sur Roman Polanski. Le 26 septembre, il est arrêté à Zurich pour une affaire de crime sexuel sur une mineure de 13 ans, Samantha Greimer. L’affaire remonte à 1977. Une ancienne vie dont Emmanuelle Seigner ignore l’existence: “ce n’est pas une période de sa vie dont il a envie de parler, c’est son passé, ça lui appartient. Je ne suis pas le genre de femme à aller fouiner dans le passé de son mari” racontait à l’époque l’actrice dans Gala. Dans cette épreuve, elle sera son plus grand soutien. Si elle n’a jamais voulu juger son mari, Emmanuelle Seigner a beaucoup souffert dans cette histoire. Mais au final, après des mois de galère (prison, assignation à résidence) et une situation délicate pour leurs enfants, le couple sort grandi de cette affaire et reprend goût à la vie.
La Vénus à la fourrure représente le quatrième film de couple. Sans doute le plus touchant. Le résultat est là. Du grand Polanski. Une Emmanuelle Seigner au sommet de son art. Du coup, vendredi, au moment de la 39e cérémonie des César, les amoureux apparaîtront plus heureux et plus fiers que jamais. Avec peut-être, deux trophées à la clé.